La maternité bouleverse. Si vous êtes mamans, vous le savez déjà, vous avez vécu de profonds moments de joie, mais aussi des moments plus difficiles, voire des moments de questionnements sur votre rôle de mère ou le sens que vous donnez à votre vie par exemple.
C’est en parcourant le web que nous avons réalisé qu’il existait un concept pour parler de ces changements: la “matrescence”. La matrescence, c’est la contraction du mot "maternité" et du mot "adolescence" pour expliquer cet état de changements profonds qui s’opère en devenant mère.
Ce concept est né dans les années 1970 grâce à une anthropologue américaine, Dana Rahael (on lui doit également beaucoup d’autres avancées dans le domaine de la maternité, mais c’est un autre sujet). Ce qui est génial, c’est qu’avec les neurosciences il est maintenant possible de prouver et de confirmer ce qu’elle disait. Quand on est enceinte, le cerveau commence à changer, mais c’est après l’accouchement que les zones du cerveau se modifient, lorsqu'on prend pleine possession de son rôle.
"Aujourd’hui, les études montrent que les pères, quand ils sont très impliqués dès le départ, ont eux aussi cette modification neurobiologique. Les parents adoptifs aussi! Il n’y a pas forcément besoin de donner naissance, c’est le fait de devenir parent qui modifie profondément le cerveau. Cette phase durerait deux ans."
Clémentine Sarlat, à l'origine du podcast La Matrescence
Le sujet est dense, mais c'est comme une bouffée d’oxygène pour les mamans qui essayent de mettre des mots sur ce qu'elles ressentent au quotidien depuis qu'elles sont mamans, qui essayent de comprendre ce qui leur arrive et pourquoi elles ne se sentent pas toujours à la hauteur.
Alexandra Sacks a fait plusieurs Ted Talks sur le sujet. Cette scientifique a travaillé pendant des années à démystifier ce qui se passait psychologiquement suite à l'accouchement, car il y avait très peu d'ouvrages médicaux qui en parlaient. Et souvent, cet état vécu est confondu par les professionnels de la santé avec la dépression post-partum.
Certaines zones du cerveau vont être activées. On est beaucoup plus connectées aux émotions, parce qu’on a besoin de répondre aux besoins du bébé, on a besoin de comprendre ce qu’il se passe. Les bébés ne parlent pas, c'est à nous de deviner.
"Contrairement à d'autres animaux, nos bébés sont extrêmement dépendants de nous. Ils ne marchent pas, ne se nourrissent pas d'eux-mêmes et il est très difficile de s'en occuper. Alors l'évolution nous a donné cette hormone: l'ocytocine. Elle est libérée aux alentours de la naissance et durant le contact corporel et elle est élevée, même si vous n'avez pas donné naissance au bébé. L'ocytocine aide le cerveau de la mère à zoomer, attire son attention afin que le bébé soit maintenant le centre de son monde. Mais en même temps son esprit rejette cela car elle se souvient que son identité a tant d'autres composantes, d'autres relations, son travail, ses loisirs, une vie spirituelle et intellectuelle, sans parler des besoins physiques. C'est le tiraillement émotionnel de la matrescence!"
Cette ambivalence est normale et ressentie par de nombreuses femmes. Libérer la parole à ce sujet, échanger entre parents, c'est permettre aux personnes qui ressentent cette dualité de se sentir moins seules, de comprendre ce qui leur arrive et peut-être même, de faire diminuer les cas de dépressions post-partum.
"Quand un bébé naît, une mère naît également, chacun instable à sa façon. La matrescence est profonde mais elle est aussi difficile et c'est ce qui la rend humaine."
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